Edith Piaf : Les amants merveilleux

Dans la petite rue, la rue déserte et nue
Qui sent le ciel mouillé, le pavé du faubourg.
J’ai vu deux amoureux qui m’ont tellement émue
Deux amants merveilleux émerveillés d’amour.

Ils marchaient lentement avec les yeux mi-clos
Se tenant par la main et sans dire un seul mot.
Ils ne m’ont même pas vue en passant près de moi.
Tant leur nuit était belle et constellée de joie.

Les amants merveilleux, l’extase dans les yeux
Marchent comme s’ils portaient en eux
Un trésor fabuleux, presque miraculeux,
Cette immense fortune d’être deux.

On sentait leur amour, bien plus chaud qu’un soleil ;
Ils semblaient illuminer le ciel.
De voir tant de bonheur, j’en avais presque peur.
Je ne croyais pas une chose pareille.

Les amants merveilleux, l’extase dans les yeux,
Au plus profond d’eux-mêmes entendaient.
Entendaient une musique, une musique pathétique,
De leurs cœurs, de leurs cœurs qui battaient.

Oh comme ils s’embrassaient, s’embrassaient dans la rue,
La petite rue déserte et nue.
Puis ils ont disparu, en marchant lentement,
Dans la nuit effacée par le vent.

Alors tout éperdue, j’ai couru, j’ai couru
Vers ton cœur et vers tes bras tendus
Et contre toi blottie, mon amour j’ai compris
Que nous étions aussi des amants merveilleux.