Beauté, mon beau souci, de qui l'âme
incertaine
A, comme l'Océan, son flux et son
reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager
ma peine,
Ou je me vais résoudre à ne
le souffrir plus.
Vos yeux ont des appas que j'aime et que je
prise,
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté
;
Mais pour me retenir s'ils font cas de ma
prise,
Il leur faut de l'Amour autant que de beauté.
Quand je pense être au point que cela
s'accomplisse,
Quelque excuse toujours en empêche
l'effet :
C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,
Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.
Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire
De me l'avoir promis, et vous rire de moi
;
S'il ne vous en souvient, vous manquez de
mémoire ;
Et s'il vous en souvient, vous n'avez point
de foi.
J'avais toujours fait compte, aimant chose
si haute,
De ne m'en séparer qu'avecque le trépas
;
S'il arrive autrement, ce sera votre faute,
De faire les serments et ne les tenir pas.