Ceux qui liront ces vers qu'en pleurant j'ay
chantez,
Non pour gloire ou plaisir, ains forcé
du martire,
Voyans par quels destroits Amour m'a sçeu
conduire,
Sages à mes dépens, fuiront
ses cruautez.
Quels esprits malheureux, nuict et jour tourmentez,
Souffrent un mal si grand que le mien ne
soit pire ?
Il ne se peut penser, comment le veux-je
dire,
Ou peindre en du papier si grandes nouveautez
?
Je cherchois obstiné des glaçons
en la flamme,
Foiblesse au diamant, constance en une femme,
Pitié dans les enfers, le soleil en
la nuit.
J'ay joué tout mon âge à
ce vain exercice,
J'ay recueilly des pleurs et semé
du service,
Et de mes longs travaux repentance est le
fruit.