fin du poème

PROPHÉTIE DE NAHUM, CH. II

Siège de Ninive

Tyrans, le vainqueur s'avance ;
J'aperçois ses pavillons :
Une multitude immense
Ravage au loin vos sillons.
Peuple saint, reprends courage ;
Cet épouvantable orage
Gronde sur tes ennemis.
Le Seigneur par leurs alarmes
Commence à venger les larmes,
Et le sang de ses amis.

Au signal qui les appelle
Les drapeaux flottent dans l'air ;
Toute l'armée étincelle
De pourpre, d'or et de fer.
Des cris confus retentissent,
Les coursiers fougueux hennissent,
Quels bruits d'armes et de chars !
Le front du soldat s'enflamme,
Et la fureur de son âme
Eclate dans ses regards.

Au souvenir de ses pères
Assur dédaignant la mort,
Des phalanges étrangères
Sur ses murs soutient l'effort.
Vainement son industrie
Oppose à tant de furie
De nouveaux retranchements ;
Les flots s'ouvrent une route,
Le temple tombe et sa voûte
Ecrase ses fondements

Que de captifs qu'on enchaîne !
Que de femmes dans les fers !
O Ninive, ô souveraine
De tant de peuples divers !
Sous les eaux ensevelie,
En vain ta voix affaiblie
Demande encore du secours ;
Sourds à ta plainte mourante,
Tes enfants pleins d'épouvante
T'abandonnent pour toujours.

Nations victorieuses,
Arrachez de ses palais
Ces richesses précieuses,
Qu'elle dut à ses forfaits.
O jour lugubre et funeste !
Tout meurt ou fuit : il ne reste
Que des cœurs désespérés,
Que des fantômes stupides,
Et des visages livides
Par la peur défigurés.

Que devient le pâturage
Des monstres de nos forêts ?
Que devient l'antre sauvage
Qui les cachait à nos traits ?
Où sont ces lieux effroyables,
De lions impitoyables,
Repaires accoutumés,
Où les lionnes sanglantes
Nourrissaient de chairs vivantes
Leurs lionceaux affamés ?

Voici le Dieu des batailles,
Voici l'arrêt que j'entends.
"Je brûlerai vos murailles,
Vos chars et vos combattants :
Les éclats de mon tonnerre
Disperseront sur la terre
Les débris de vos grandeurs ;
Et le bruit de vos disgrâces
Etouffera les menaces
De vos fiers ambassadeurs."

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