fin du poème

PROPHÉTIE D'ISAIE, CH. LII

ARGUMENT

Sion reprend le sceptre. Les Assyriens lui rendent gratuitement la liberté. Retour des Juifs à Jérusalem. Délivrance universelle des hommes par le Messie, véritable  libérateur d'Israël.

O Sion, lève-toi, ce jour te tend ta gloire
     En te rendant la liberté.
Prépare ton triomphe, ajoute  à ta beauté
     Les ornements de la victoire.
Cité du Dieu vivant, tes palais ni tes murs
Ne seront plus ouverts qu'à sa majesté sainte,
Et tu ne verras point dans ton auguste enceinte
Du peuple incirconcis les vestiges impurs.

     Lève-toi ; monte sure le trône
     Que tu remplissais autrefois ;
     Triste esclave de Babylone,
     Tu seras la reine des Rois.
     Mon peuple à des tyrans barbares
     Fut vendu sans être acheté ;
     Sans payer ces maîtres avares
     Il reprendra sa liberté.

     L'Egypte fut d'abord l'asile
     Des premiers enfants Israël :
Dure hospitalité qui dans ce lieu cruel
Bientôt les accabla du joug le plus servile.
C'est maintenant Assur qui les tient dans les fers.
Est-ce à moi de permettre un si long esclavage,
De souffrir que mon nom chez des humains pervers
Soit sans cesse un objet de blasphème de d'outrage ?

Un jour luira ; ce jour aux mortels que j'instruis,
Découvrira ma force encore trop méconnue.
C'est alors qu'en moi seul ils mettront leur appui,
     Et je dirai : l'heure est venue,
Dieu parlait autrefois, il se montre aujourd'hui.

Que son aspect est doux, que sa démarche est belle
De l'heureux envoyé qui ramène la paix !
Du haut de la montagne il annonce, il appelle
Et l'auteur du salut et ses divins bienfaits.

Sion triomphera sous les lois de son maître.
     Déjà la garde d'Israël
     Nous avertit qu'il va paraître ;
Partout de nouveaux chants s'élèvent jusqu'au ciel.
Jérusalem s'éveille, et ses erreurs finissent ;
     Que ses remparts longtemps déserts
     A son changement applaudissent ;
     Qu'ils l'apprennent à l'univers.
     Dieu remplit enfin la parole
     Qu'il consigna dans ses traités.
Jérusalem l'invoque ; il vient, il la console,
     Et ses enfants sont rachetés.

     Il prépare son bras, il mène à la victoire
     Le réparateur de vos maux ;
Et l'univers entier, objet de ses travaux,
     Verra sa naissance et sa gloire.

Babylone a pour vous dépouillé sa rigueur :
Sortez du milieu d'elle, et que ses mœurs proscrites
     N'empoisonnent pas votre cœur.
Soyez purs et sans tache, heureux Israélites,
Qui portez dans vos mains les vases du Seigneur.

     Qu'une indiscrète véhémence
     Ne presse point alors vos pas ;
Vous sortirez des fers, mais vous ne fuirez pas.
     Marchez sans trouble et sans licence,
Dieu sera votre chef, vous serez ses soldats.

Revêtu de ma force et plein de ma lumière,
Mon serviteur chéri remplira sa carrière
     D'un éclat utile aux mortels ;
Il les enrichira de ses biens éternels.
     Mais avant ce jour mémorable,
     Sous une forme méprisable
     Il fera leur étonnement,
     Et deviendra méconnaissable
A force de douleurs, d'opprobre et de tourment.

     Toutefois répandent ses grâces
     Sur d'innombrables nations,
     Il effacera sous ses traces
     Leurs folles superstitions.
     Méconnu de ceux qui l'adorent
     A tant de peuples qui l'ignorent
     Il révélera sa splendeur.
     Les rois garderont le silence,
     Et convertis par sa présence
     Rendront hommage à sa grandeur.

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