HYMNE XII (T1)
POUR LA FÉTE DE TOUS LES SAINTS
Quels accords ! quels concerts augustes !
Quelle pompe éblouit mes yeux !
Fais silence à l'aspect des justes,
Terre, écoute le chant des cieux.
O divine et tendre harmonie,
Que
vous nous inspirez de respect et d'amour !
Anges,
esprits de feu, dont la troupe est unie
Aux
nouveaux habitants du céleste séjour,
Vous
seuls pouvez chanter la grandeur infinie
Du Dieu dont vous formez la cour.
O divine et tendre harmonie,
Que
vous nous inspirez de respect et d'amour !
Dieu se montre sans nuage
Aux regards des bienheureux ;
Ils contemplent de son visage
Les traits sereins et lumineux.
Voyez
autour de lui les ministres fidèles,
Qu'il
choisit pour instruire et la terre et ses rois.
O
princes de l'église ! ô héros dont la voix
Charma
les cœurs soumis, confondit les rebelles.
Les martyrs, ces brillants vainqueurs
De la nouvelle Babylone,
Le front ceint d'immortelles fleurs,
Sont assis au pied de son trône.
Je vois briller du haut des airs
Les couronnes qu'ils remportèrent
De la défaite des enfers ;
Et leurs vêtements sont couverts
Du sang précieux qu'ils versèrent
Pour le salut de l'univers.
Les Vierges, ces tendres victimes,
De leur chaste amour pour l'époux,
Demandent grâce pour nos crimes,
Et nous dérobent à ses coups.
Ils triomphent, ils jouissent
Du fruit de leurs combats.
Que nos chants ici bas
A leur bonheur applaudissent ;
Chantons le Dieu qu'ils bénissent,
Et marchons sur leurs pas.
Qu'ils
sont doux, les transports dont il remplit leur âme !
Qu'ils
sont purs, les plaisirs qui pénètrent leur sens !
La sainte ardeur qui les enflamme,
Les nourrit de feux renaissants.
Fortunés
protecteurs des humains gémissants,
Au Dieu que notre voix réclame
Offrez nos pleurs et notre encens.
Sur ces rives étrangères,
Sous les tentes de Cédar,
Les passions mensongères
Nous enchaînent à leur char.
Seigneur, rends-nous l'héritage
Que mérite notre foi.
C'est languir dans l'esclavage
Que de vivre loin de toi.
Désarme, arrête la furie
Des
démons révoltés, et de l'enfer jaloux.
Nous
sommes tes enfants, tu fis le ciel pour tous,
Et pour tous tu perdis la vie.
Le
temple de ta gloire est la seule patrie
Qui soit digne de nous.
Rentrez
dans le néant, voluptés périssables,
N'empoisonnez plus les mortels.
Coulez, torrents inépuisables
De
plaisirs sans mélanges, et de biens éternels.