HYMNE
XI
En
forme d'Idylle
POUR LA FÉTE DE S. LOUIS,
ROI DE FRANCE (T
1)
Français, voici le jour de gloire,
Le jour où les chants les plus doux
De
l'aïeul des Bourbons célébrant la mémoire ;
Cœurs français, applaudissez tous.
Couvrons de fleurs et de feuillages
La
demeure paisible où Louis tint sa cour.
Nos
aïeux y portaient les tributs de l'amour ;
Portons-y
des vœux, des hommages
Qui
montent jusqu'à lui dans le divin séjour.
O Vincennes, palais champêtre,
Tes bois antiques, tes vergers
Rassemblaient autour de leur maître,
Les grands, le peuple et les bergers.
Du premier âge
Tout rappelait les mœurs.
C'était le gage
Des célestes faveurs ;
C'était l'image
Du règne des pasteurs.
Résonnez, hautbois et musettes,
Conservez-en le souvenir.
Echos de ces mêmes retraites,
Vous
le direz encore aux siècles à venir.
Quel
éclat sur son front ! quelle majesté sainte !
Qu'il
savait inspirer de respect et de crainte
Lorsqu'il
était assis dans le temple des lois !
Qu'il
donnait de leçons et d'exemples aux rois,
Quand le glaive de sa justice
Frappait
le faux honneur, le blasphème, le vice,
Et
du trône insulté vengeait les justes droits !
Mais avec quelle ardeur guerrière
Il
s'arrache au repos et brave le trépas !
Il
terrasse Albion sous l'effort de son bras.
Des
rebelles servaient cette rivale altière ;
Son
essai fut de vaincre, et leur défaite entière
Signala ses premiers combats.
Loin
de nous désormais de nouveaux soins l'entraînent.
Jérusalem
esclave implore un bras vengeur.
Il entend vos cris de douleur,
Chrétiens infortunés qu'enchaînent
Les ennemis de son Sauveur.
Il part brûlant de zèle.
Tremblez, peuple infidèle,
Au bruit de ses exploits.
Redoutez à la fois,
Redoutez sa vaillance,
Les drapeaux de la France,
L'étendard de la croix.
L'Egypte s'assemble et frissonne.
Le
héros des chrétiens marche et conduit leurs pas :
Les
anges de l'enfer excitent leurs soldats :
Parmi
les flots du Nil le sang coule et bouillonne.
Hélas
! du rédempteur, de son nom précieux,
Louis cherche à venger la gloire.
Sa valeur brille dans ses yeux,
Sa foi lui promet la victoire ;
Il
combat, il la perd : Louis bénit les cieux.
Mortels, adorons la puissance
Qui l'éprouve par ces rigueurs ;
Et comme lui, de nos malheurs,
Rendons grâce à la providence.
Ce sont de nouvelles faveurs
Que nous ménage sa clémence.
Quel
exemple d'un cœur magnanime et soumis !
Mais que feront ses ennemis ?
Vont-ils insulter à ses peines ?
Sera-t-il
accablé de fureurs inhumaines,
Et d'outrages multipliés ?
O
miracle ! ô vertu ! Louis est dans les chaînes,
Et ses vainqueurs sont à ses pieds.
Des cruels enfants des Tartates
Au vaincu le sceptre est offert.
Sarrasins
et Français, courtisans et barbares,
Infidèle
ou chrétien, tout l'adore et le sert.
Reprenez ce tribut profane
Que
dédaigne Louis, et que le ciel condamne ;
Cessez,
peuple odieux, un téméraire effort.
Eh
! quels sceptres pourraient exciter son envie !
Deux
trônes seulement ont dû remplir son sort :
Les lys durant sa vie,
Le ciel après sa mort.
C'en
est fait, Dieu l'appelle, et du sein de la guerre
Il monte aux lambris radieux.
Sonnez, trompettes de la terre,
Sonnez,
unissez-vous aux trompettes des cieux.
Ainsi
Louis obtient la palme qu'il désire ;
Quel protecteur pour cet empire !
O
monarque ! ô saint roi, favorisez nos vœux !
O
peuples ! ô Français, méritez d'être heureux
!
Que nos climats soient les asiles
Et de la paix et de l'honneur.
Que la concorde et le bonheur
Habitent dans nos villes.
Que
nos champs soient toujours cultivés et tranquilles.
Encourageons le laboureur
Dans ses travaux utiles.
O
monarque ! ô saint roi, favorisez nos vœux !
O
peuples ! ô Français, méritez d'être heureux
!
Des mœurs conservons l'innocence.
Des arts qui suivent l'opulence,
Prévenons l'abus criminel.
Que
de l'impiété l'effroyable licence
Ne trompe point la vigilance
Des
sages défenseurs du trône et de l'autel.
Qu'ils
sachent l'un de l'autre affermir la puissance ;
Que
pour l'honneur des lois, pour la cause du ciel,
Ils soient toujours d'intelligence.
O
monarque ! ô saint roi, favorisez nos vœux !
O
peuples ! ô Français, méritez d'être heureux
!
Que
Louis en ce jour dans la gloire immortelle,
De
son peuple chéri reconnaisse la voix.
Qu'il
soit de ses enfants à jamais le modèle,
Et
que du haut des cieux il règne avec nos rois.