PROPHETIE D'ABDIAS,
CHAPITRE
UNIQUE
(T1)
Abdias reproche aux Iduméens les inhumanités qu'ils ont exercé contre ceux de Juda, leurs frères, en se joignant aux étrangers qui ravageaient leurs pays, et qui jetaient le sort sur Jérusalem. Il leur annonce la punition exemplaire que Dieu leur destine ; et prédit à la fin le retour des Juifs, et leur nouveau règne après la captivité, suivi immédiatement du règne de Jésus-Christ.(T2)
Le Seigneur a parlé : son ordre
nous assemble,
Les Rois des nations ont vu ses envoyés.
Marchons, leur a-t-il dit, et combattons ensemble ;
Les étendards du ciel sont déjà déployés.
C'est toi qu'il
faut que je dompte ;
Peuple lâche (N1)
, objet d'horreur ;
J'ai manifesté ta honte,
Ta faiblesse et ta terreur.
Tu jouissais de tes crimes
Sur des monts remplis d'abîmes,
Et dans des creux de rocher;
Fier de ton asile infâme,
Tu t'écriais dans ton âme,
Qui pourra m'en arracher ?
Quand pour mieux
braver ma puissance,
Tu suivrais l'aigle qui s'élance
Jusqu'à la source des éclairs,
Le souffle seul de ma vengeance
T'anéantirait dans les airs.
Par des larrons,
dont vos richesses
Ont attiré les mains traîtresses,
Vos foyers ne sont point détruits ;
Et celui qui s'ouvre un passage
Dans ces beaux jardins qu'il ravage,
N'en emporte pas tous les fruits.
Mais des ministres
de ma haine,
La rage est bien plus inhumaine,
Et le courroux plus étendu ;
Ils ont dépouillé mes victimes
;
Edom qui fuit a tout perdu,
Il ne lui reste que ses crimes.
Dans son royaume
consterné
Des ennemis partout lui naissent
Ses alliés le méconnaissent,
Ses amis l'ont abandonné.
Frappé des craintes les plus vives
Il n'éprouve que trahisons ;
Et ceux qui furent ses convives,
Ne lui servent que des poisons.
Je les ai confondus ces sages si célèbres
;
Le jour, dit le Seigneur, n'est pour eux que ténèbres,
J'ai puni leur orgueil d'un supplice imprévu.
O braves de Théman, quel effroi vous accable !
Ils ont fui dans la plaine au bruit épouvantable
Du sang qui ruisselait des rochers d'Esaü.
Esaü, tu péris : Théman,
la mort t'appelle ;
Tu sers contre Jacob l'idolâtre rebelle,
Tes sacrilèges mains dépouillent le saint lieu.
Cruel persécuteur de ma cité chérie,
Sion, Jérusalem éprouvent ta furie,
Et tu jettes le sort sur les biens de ton Dieu.
A l'aspect des rigueurs où Juda
fut en proie,
Devais-tu, malheureux, l'accabler de ta joie,
Toi dont il attendait des regards consolants !
Devais-tu, peuple ingrat, au jour de ses alarmes,
Insulter à ses larmes
Par des ris insolents !
Dans des sentiers trompeurs, tes embûches
funestes
De Jacob fugitif enveloppaient les restes
Pour les frapper du glaive, ou les charger de fers.
Ces temps sont disparus ; et le jour vient d'éclore
Où le Dieu qui t'abhorre,
Se montre à l'univers.
Les cruautés
où tu te livres
Retomberont enfin sur toi.
Ma coupe est prête, et tu t'enivres
Des eaux de vertige et d'effroi :
Comme les races Idumées,
Les Rois, les peuples, les armées
En boivent tous avec transport ;
Et leur fureur se désaltère
Dans ces vases de ma colère
Où leur bouche puise la mort.
O Sion, règne
sans partage,
Tes enfants sont victorieux ;
Jacob a conquis l'héritage
De ses maîtres impérieux.
Tremble, Esaü, Jacob s'avance ;
Les traits embrasés qu'il te lance
Dévorent tes peuples méchants
;
Comme en été la flamme agile
Consume le reste inutile
Des épis qui couvraient nos champs.
Des dépouilles
(N2)
de tant de Princes
Son empire s'est agrandi.
Edom, tes antiques provinces
Sont pour les tribus du midi :
De laboureurs troupe aguerrie,
Sous vos lois rangez Samarie,
Et les cités du Philistin;
Dans ses victoires éclatantes,
Benjamin dressera ses tentes
Au-delà des bords du Jourdain.
Je livrerai le
Phénicien
Aux captifs de Salmanazar ;
Les dominateurs de l'Asie
En esclaves suivront leur char.
Du haut de la montagne sainte,
Israël régénéra
sans crainte
Sur Esaü son oppresseur ;
Et Lévi (N3) jugera
ses frères
Jusqu'au jour prédit à leurs
pères,
Où Dieu sera son successeur.
NOTES:
1. Les habitants de l'Idumée. (T3)retour
au texte
2. C'est ici une division géographique, dans laquelle le Prophète désigne en particulier les divers cantons qui seront occupés par les Israélites après leur retour. (T4) retour au texte
3. La Vulgate dit : Ceux
qui sauveront le peuple, Salvatores. Le plus grand nombre des
commentateurs entend par les
sauveurs qui monteront sur la montagne de Sion pour juger Esaü,
les Maccabées qui réunirent le sacerdoce et l'autorité
souveraine. Ils étaient de la première des vingt-quatre
familles sacerdotales. Le Prophète finit par ces mots : Et
erit Domino regnum, et le règne, le royaume demeurera au Seigneur.
C'est à dire, Nos Princes
auront Dieu pour successeur ; idée admirable, et de cette espèce
de sublime qu'on ne peut trouver que dans les Livres saints. (T5)
retour au texte
TEXTE:
1. une citation latine précède le poème dans 1751:
Auditum audivimus à
Domino et Legatum ad Gentes misit : surgite, consurgamus adversus eum
in prœlium. retour au texte
2. L'argument dans 1751 est plus long:
ARGUMENT
On a fait inutilement des recherches sur la vie et sur la mort du prophète
Abdias. On ne saurait même fixer le temps de sa mission. Quelques
commentateurs conjecturent qu'il prophétisait dans la tribu
de Juda après la prise de Jérusalem, et avant la désolation
de l'Idumée par les troupes de Nabuchodonosor. Abdias reproche
aux Iduméens les inhumanités qu'ils ont exercées contre
ceux de Juda, leurs frères, en se joignant aux étrangers
qui ravageaient leur pays, et qui jetaient le sort sur Jérusalem.
Il leur annonce la punition exemplaire que Dieu leur destine ; et prédit
à la fin le retour des Juifs, et leur nouveau règne après
la captivité, suivi immédiatement du règne de
Jésus-Christ. retour
au texte
3. La note dans 1751 est:
Edom, les habitants de l'Idumée.
retour au texte
4. La note dans 1751 continue:
Cette prophétie est en cela moins vague
et moins indéterminée que plusieurs autres, et devait intéresser
davantage les juifs. retour
au texte
5. La note dans 1751 est différente:
La Vulagte dit, Ceux
qui sauveront le peuple, salvatores. Les Septante,
Ceux qui seront sauvés,
. Mais le plus grand nombre des commentateurs entendent par
ces sauveurs qui monteront
sur la Montagne deSion pour juger Esaü, les Maccabés et
les prince Asmonéens qui réunirent le sacerdoce et la royauté.
Ils étaient prêtres et de la race de Lévi. Le
prophète finit par ces mots : Et
erit Domino regnum, et le règne, le royaume demeurera au Seigneur.
C'est à dire, Nos princes
auront Dieu pour successeur ; idée admirable, et de cette espèce
de sublime qu'on ne peut trouver que dans les livres saints. retour
au texte